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jeudi 17 septembre 2020
jeudi 10 septembre 2020
mercredi 2 septembre 2020
Le mendiant.
Autrefois les vaches paisiblement paissaient. Des chiens de vachers leurs mordaient les jarrets pour les réunir en troupeau. Puis du fil de fer apparu, fixé sur des piquets avec des clous cavalier. Pour des vaches, c'était plutôt « cavalier » de les parquer ainsi, c'était vache ! En 1874, le fil de fer barbelé remplaça le fil de fer. Aujourd'hui on électrifie les clôtures...
Un mendiant mendie une pièce. Je refuse. Je ne veux pas qu'il s'approche, Covid oblige. Mais je vois bien qu'il réclame surtout l'échange de quelques mots. D'un regard, et plongeant ma main dans la poche à la recherche de pièces, je l'invite à s'approcher.
Il me raconte : « Pour aller prendre un café, ils m'ont réclamé mon nom et une pièce d'identité. Il faut toujours avoir une pièce, d'identité ou d'un euro pour boire ! Alors je suis parti sans mon café. Les épines, sur les roses, on les voit, elles piquent, on le sent. Quand au virus … »
Le barbelé, on le voit, il pique et on le sent.
La rose n'est qu'une ronce parmi d'autre. On la sent !
Le mendiant est une friandise pour qui exerce un travail rémunéré …
mardi 1 septembre 2020
La poire
La poire avant d'être un fruit reste d'abord pour ce qui me concerne, une caricature. Celles de Honoré Daumier contre le régime de la Monarchie de juillet sous Louis-Philippe, une image des rois et des bourgeois obtus et bien gavés, avec triples mentons et petites têtes vides et pointues.
La poire est un fruit dévalorisé. La voiture Renault 14 dont la forme fut comparée à une poire fut un fiasco publicitaire. La poire est le premier fruit talé au moindre choc !
La poire à lavement n'arrangeant pas plus la noblesse du fruit ! S'en prendre plein la poire, être une bonne poire ou bien être pris pour une poire demeurent des expressions pis qu'être une pomme !
La guillotine étant passée par là, couper la poire en deux ne résout que rarement le problème : l'égalité n'est pas l'équité. Si Salomon n'avait pas eu de jugeote, sa décision aurait été tragique : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes déclara qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que de le voir mourir. De ce fait, Salomon reconnut la véritable mère de l'enfant. Il lui donna le nourrisson et sauva ainsi la vie de l'enfant.
Pour mémoire la poire d'angoisse fut un terrible instrument de torture au moyen-Âge, le dictionnaire vous en dirait plus.
Reste une poire pour la soif. Au vin, elle est divine ! Quand au poirier, je ne parle pas de gymnastique, mais d'un bel arbre, particulièrement au printemps.
lundi 31 août 2020
La pomme
La pomme est un fruit prolétaire, c'est à dire une mère au foyer non rémunérée. Jacqueline, on l'appelait Quinou comme une variété. La quarantaine, à Lyon. Un mec ingrat, chasseur et gentiment tyrannique. Trois enfants. Visage ridé prématurément et mains gercées, un jour elle découvre qu'elle est vivante. Elle achète un vieux minibus, y enfourne quelques matelas et se tire avec ses trois gosses. Des gamins, à peine des gones. Elle a divorcé.
Je l'ai rencontrée en 1984 en Ariège. Elle vivote de petits boulots, de cueillette et aussi d'un micro commerce de résine de cannabis entre l'Espagne, l’Andorre et les petites communautés ariégeoises. Un fils en prison pour une petite peine, à Foix la maison d'arrêt est agréable, on y rentre autant qu'on en sort. Une grande fille qui vit sa vie et un petit enfant pour lequel elle a obtenu une dérogation de l’Éducation Nationale afin de subvenir seule à son éducation.
Le triangle des Bermudes ici correspond à un champ clos par un grillage rouillé entre Foix, Pamier et Tarascon-sur-Ariège avec ses sources sulfureuses chaudes (le lavoir, on s'y baignait en hiver). Au centre du pré, un pommier avec des fruits délicieux.
Il me reste une pomme, cueillie en 1984. Toute ridée. Un parfum tenace de clou de girofle. Depuis trente six ans, je trimbale cette pomme de lieu en lieu. Elle est là, sur ma table. Et je repense à cette femme qui osait à peine prétendre l'être.
A chacun son 1984 !