A trop traîner du coté du 6 rue Galilée à Ivry sur Seine, à voir tout ce monde ouvrier englouti et remplacé par un autre monde, tout autant ouvrier, d'apparence moins noble, un monde qui n'ose pas dire son nom, ouvrier, un monde de services inutiles manufacturés ailleurs, très loin, un monde qui n'a pas encore son histoire mais qui anéantit sa mémoire au fur et à mesure des changements de la consommation en ligne, d'ailleurs si je suis allé jusqu'à la rue Galilée à Ivry c'était bien pour aller chercher un paquet commandé sur le net et qui peinait à atteindre ma boîte aux lettres, bref j'ai repensé en traînant par là, j'ai repensé à la guerre et aux pillages qui consistent à voler le frigo, la gazinière et l'imprimante de son voisin et j'ai douté soudain que la guerre eût cessé le 8 mai 1945 ...
La guerre, ça se regarde et ça ressemble à ça, des ferrailles torturées sous les coups de boutoir d’engins autoguidés, aveugles et destructeurs. Des murs criblés de balles. Le Liban et Gaza à deux pas d’ici, les hommes disparus en silence comme les animaux malades de la peste, ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés comme dans la fable de Jean de La fontaine. Des monuments incompréhensibles à la gloire de rien. Du feu, du glyphosate et des fumées froides. Personne. Des exodes sans but dans les matins blêmes. Des rues vides et toujours personne. La fuite en avant et en arrière, le surplace. Des voitures de flics et des vigiles privés qui rodent et girent avec pour unique but, sauvegarder l'intégrité des frigos, des gazinières et des imprimantes. Un spectacle inouï et si proche qu’on ne le voit pas !
La guerre, ça se regarde et ça ressemble à ça, des ferrailles torturées sous les coups de boutoir d’engins autoguidés, aveugles et destructeurs. Des murs criblés de balles. Le Liban et Gaza à deux pas d’ici, les hommes disparus en silence comme les animaux malades de la peste, ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés comme dans la fable de Jean de La fontaine. Des monuments incompréhensibles à la gloire de rien. Du feu, du glyphosate et des fumées froides. Personne. Des exodes sans but dans les matins blêmes. Des rues vides et toujours personne. La fuite en avant et en arrière, le surplace. Des voitures de flics et des vigiles privés qui rodent et girent avec pour unique but, sauvegarder l'intégrité des frigos, des gazinières et des imprimantes. Un spectacle inouï et si proche qu’on ne le voit pas !
Les Animaux malades de la peste
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Aujourd’hui, le pdg de France Télécom, Didier Lombard, devant
le tribunal correctionnel, à qui l’on rappelle ce qu’il disait alors : - je
ferais en sorte qu’il partent par la porte ou par la fenêtre ! rétorque
sans remords : - les faits
qu’on a eus, c’est l’effet Werther [phénomène de suicide mimétique suivant la
parution dans les médias d’un cas de suicide]. Cela a multiplié les suicides par quatre et je
n’y pouvais rien.
Quelques uns sont partis par la fenêtre,
mais pas tous ! Didier Lombard risque 15 000 euros d’amende et un an de prison …
Quand à moi, j’m'en bats les couilles, j'ai un téléphone
avec une puce Orange !
Y a pas à dire, la vie est exagérément belle !