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mardi 7 mai 2019

Mémoire tout court !

A trop traîner du coté du 6 rue Galilée à Ivry sur Seine, à voir tout ce monde ouvrier englouti et remplacé par un autre monde, tout autant ouvrier, d'apparence moins noble, un monde qui n'ose pas dire son nom, ouvrier, un monde de services inutiles manufacturés ailleurs, très loin, un monde qui n'a pas encore son histoire mais qui anéantit sa mémoire au fur et à mesure des changements de la consommation en ligne, d'ailleurs si je suis allé jusqu'à la rue Galilée à Ivry c'était bien pour aller chercher un paquet commandé sur le net et qui peinait à atteindre ma boîte aux lettres, bref j'ai repensé en traînant par là, j'ai repensé à la guerre et aux pillages qui consistent à voler le frigo, la gazinière et l'imprimante de son voisin et j'ai douté soudain que la guerre eût cessé le 8 mai 1945 ... 
 La guerre, ça se regarde et ça ressemble à ça, des ferrailles torturées sous les coups de boutoir d’engins autoguidés, aveugles et destructeurs. Des murs criblés de balles. Le Liban et Gaza à deux pas d’ici, les hommes disparus en silence comme les animaux malades de la peste, ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés comme dans la fable de Jean de La fontaine. Des monuments incompréhensibles à la gloire de rien. Du feu, du glyphosate et des fumées froides. Personne. Des exodes sans but dans les matins blêmes. Des rues vides et toujours personne. La fuite en avant et en arrière, le surplace.  Des voitures de flics et des vigiles privés qui rodent et girent avec pour unique but, sauvegarder l'intégrité des frigos, des gazinières et des imprimantes. Un spectacle inouï et si proche qu’on ne le voit pas !
 

 


 


 


 


 


 


 


Les Animaux malades de la peste

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Aujourd’hui, le pdg de France Télécom, Didier Lombard, devant le tribunal correctionnel, à qui l’on rappelle ce qu’il disait alors : - je ferais en sorte qu’il partent par la porte ou par la fenêtre ! rétorque sans remords : - les faits qu’on a eus, c’est l’effet Werther [phénomène de suicide mimétique suivant la parution dans les médias d’un cas de suicide].  Cela a multiplié les suicides par quatre et je n’y pouvais rien.  
Quelques uns sont partis par la fenêtre, mais pas tous ! Didier Lombard risque 15 000 euros d’amende et un an de prison …
Quand à moi, j’m'en bats les couilles, j'ai un téléphone avec une puce Orange !
Y a pas à dire, la vie est exagérément belle !

lundi 6 mai 2019

Mémoire ouvrière N°7

Au 36 rue Guilleminot à ¨Paris, il y a une église : Notre-Dame du Travail ! 

 Et toujours autour du 6 rue Galilée à Ivry sur Seine ...
Les Mains d'or, de Bernard Lavilliers

Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminée muettes - portails verrouillés
Wagons immobiles - tours abandonné
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait - la nuit - de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces - le gel et la mort
Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant

J'voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or

J'ai passé ma vie là - dans ce laminoir
Mes poumons - mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là - les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l'espoir

On dirait - le soir - des navires de guerre
Battus par les vagues - rongés par la mer
Tombés sur le flan - giflés des marées
Vaincus par l'argent - les monstres d'acier

J'voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or

J'peux plus exister là
J'peux plus habiter là
Je sers plus à rien - moi
Y'a plus rien à faire
Quand je fais plus rien - moi
Je coûte moins cher - moi
Que quand je travaillais - moi
D'après les experts

J'me tuais à produire
Pour gagner des clous
C'est moi qui délire
Ou qui devient fou
J'peux plus exister là
J'peux plus habiter là
Je sers plus à rien - moi
Y'a plus rien à faire

Je voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or...




dimanche 5 mai 2019

Mémoire ouvière N° 6

Nous sommes toujours autour du n°6 rue Galilée à Ivry sur Seine, là où commencent les impasses. 
Après avoir quitté les "Carreaux-Cassés", fantômes ouvriers en noir sur blanc, voir article Mémoire ouvrière N° 5, nous voici entraîné(e)s dans la Danse Macabre des Démolisseurs. 

 

 
La Ronde des Démolisseurs de Cathédrales !


Et pourtant, malgré le Régime Minceur, certains aimeraient y travailler, encore ... ! 


vendredi 26 avril 2019

Paysage

En verts ... et contre tout !

mardi 16 avril 2019

Anselm Kiefer

Hé les ferrailleurs, y'a du plomb dans l'air !

lundi 15 avril 2019

Enfin, les vêpres !

La cigarette sans cravate
Qu'on fume à l'aube démocrate
Et le remords des cous-de-jatte
Avec la peur qui tend la patte
Le ministère de ce prêtre
Et la pitié à la fenêtre
Et le client qui n'a peut-être
Ni Dieu ni maître !

Mémoire ouvrière N° 5

Les carreaux de l’usine sont toujours mal lavés. 
Les carreaux cassés des bâtiments d’usine représentent toujours la même chose, des silhouettes de personnages, ouvriers, curés, patrons, contre-maître, des animaux, chats, oiseaux, cochons, tous attachés d’une façon ou d’une autre à l’usine. Tous hors du travail quand les carreaux sont cassés. 
Fantômes noirs, souvenirs des usines fermées, du personnel licencié, des animaux enfuis.
Certains personnages se jettent par la fenêtre, d’autres sont à l’envers comme dans les peintures de Bazelitz. Les chats sont toujours assez abrutis. Les oiseaux restent enchâssés dans les vitres. Les cochons bien sympathiques avec leur gueules de tirelire vide. Le chat reste pour moi l’animal le plus con de la terre, il tue des oiseaux ou des souris pour jouer tout simplement, même pas pour les bouffer !

Il pleut
C 'est pas ma faute à moi
Les carreaux de l’usine
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux de l’usine
Y en beaucoup d'cassés
Les carreaux de l’usine…
Moi, j’irai les casser !


 

 Ouvriers                                                  Chat huant
 

 Renard
 



 


 Ouvriers tête en bas tête en haut
 



 


 Personnages fantômes 
 



 


 


 Oiseaux                                                 Contre-Maître
 

                                                                          Patron ivre !
 

 Curé               Dame patronnesse                       Homme brisé
Chat-Licorne

jeudi 4 avril 2019

Mémoire ouvrière N° 4

Dans cette petite rue Galilée, diable, une église !
Je vous salie ma rue.
L’église-usine aliène les âmes. Elle vous rabote toute conscience de classe. La messe  contre le  repos dominical, les vêpres en heures supplémentaires non rémunérées pour éviter la socialisation alcoolisée du bistrot.

 Eglise-Usine avec ses gargouilles ! 
Et avec ses vitraux mouchetés des figures noires et difformes 
Pavés des mitrailles du sabre et du goupillon 

La croix, une simple girouette pour reconnaître dans quelle direction tournent les vents contraires 
des intérêts divergents, ceux de la Lutte des classes !