De l'église Saint Martin de Cortrat, seul le tympan subsiste. C'est une église toute menue, mais c'est ma Chouchoute. Une fresque est conservée au musée de Montargis. Ce qui nous intéresse ici, c'est le haut-relief du portail. Rappelons que le tympan d’une église est la frontière entre l’homme à l’extérieur dans sa vie quotidienne et dieu au sein et à l’intérieur de l’église. Aux passants, le tympan indique qu’en entrant dans ce lieu, qu’en franchissant le portail, nous pénétrons dans la religion chrétienne.
Martin est un personnage emblématique. Il est devenu un symbole extrêmement populaire lorsqu’il a partagé en deux parts égales son manteau avec un pauvre transi de froid. Pourquoi n’a-t-il pas donné son manteau en entier ? Sans doute parce que le pauvre frigorifié était un enfant. Cela symbolise la protection qu’il faut accorder à celui qui vient de renaître en s’engendrant lui-même et qui reste fragile comme un nourrisson. Martin est devenu saint après avoir évangélisé la Gaule romaine.
Cette église St martin de Cortrat a été construite au Xème siècle. C'est du préroman. On imagine que le portail est mérovingien et qu'il a été sculpté vers l'an 800 et des poussières. On dit de cette image qu'elle est difficile à interpréter, que la scène est énigmatique et qu'il pourrait s'agir d'une représentation du paradis terrestre. . . Voyons ce tympan et ce qu’il peut signifier.
A droite on voit un homme heureux vivant dans un labyrinthe de feuillages volubiles, d'arbres à fruits, évoluant dans une foison de bonnes paroles qui gagnent tout l'espace. Cet homme est dans une profusion de symboles positifs. Ni monstre, ni serpent, ni vieil homme ne guettent. Ce personnage a réussi, sa conversion est achevée. Il est au paradis.
A gauche, un autre homme joyeux ou bien le même homme qu’à droite, personnage sans le souci de résister aux monstres qui ne sont pas présents tend la main vers le soleil. Il se présente joyeux d’avoir atteint la lumière. On le voit déambuler par-dessus un lion, une chèvre et à gauche une espèce de tigre. Il a maîtrisé tous ces animaux, il a dompté les fauves et apprivoisé la brebis. Il a atteint la lumière et il baigne lui aussi dans une profusion de circonvolutions de paroles positives. Il est au paradis.
Sur la voussure de ce tympan on aperçoit des étoiles, de la lumière céleste, quelques floraisons et une corde d’église. En regardant bien, on distingue un homme tranquille, une main sur la hanche l’autre en visière pour regarder les étoiles qui brillent vigoureusement dans le ciel de la nuit. Là encore, le même homme probablement connaît le bonheur et la félicité qu’il y a à être dans les cieux parmi les étoiles. La nuit éclairée, le paradis.
Pour le passage de l'humain au divin, il avait souvent aussi le narthex.
RépondreSupprimerOui, pour ceux qui craignaient la pluie, le déluge !
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