Comme un cormoran plonge dans l'eau pour attarper un poisson, je replonge dans un état dépressif. Pas autant qu'au paravent, mais suffisamment pour m'inquiéter. Je re-plonge pour attraper quoi, le corona virus ?!
Il est vital de plonger pour le cormoran, se nourrir. Pour moi, la dépression n'est pas vitale. Au contraire.
"Ma" dépression. M'appartient-elle à ce point ?!
Je fais l'expérience de la vulnérabilité. Vulnérable, je suis une personne vulnérable. Si j'étais un moulin à café je m'en foutrais d'être vulnérable. Mais je reste une personne.
Rien ne va en ce moment. Je suis en arrêt de travail. Et malgré tout mon courage, je ne vois pas comment reprendre le boulot. A 67 ans personne en m'attend.
Il me faut voir le psychiatre prescripteur pour ajuster les traitements. Il faudra me plier aux couvres-feux, aux confinements à venir. Où vais demeurer ? Sans risquer de devenir un demeuré ?! Sans devenir fou.
Le plus dur est le matin : pour quelle raison sortir du lit en plein jour quand le jour se fait triste à ce point ? Où sont mes envies ?
Je suis une personne, pessoa. Mais quand on m'interpelle il n'y a presque personne pour répondre. D'ailleurs on m'interpelle de moins en moins. Je fais finir par cesser d'exister au yeux des autres. Il me faut retrouver la matrice de la vie. Je peux toujours crier "Maman", ma mère est morte.
Je suis tenté par l'humour. A mes dépens ? Etre seul à rire jaune ?
Où suis-je ? Comment ça va ? Quel avenir autre que les catastrophes ?
Je suis dans une sacrée merde ...
il est "clair" que la grisaille atmosphérique et les perspectives sanitaires floues ne sont pas de véritables bouées ... Je te souhaite courageuse volonté et humour encore. 😘
RépondreSupprimerOui l'environnement sanitaire n'arrange rien.
RépondreSupprimerOn s'accroche mais à quoi ?!
Peut-être faire l'effort de se lever plus tôt (pas trop quand même !), à heure fixe... et mettre en place un rituel.
RépondreSupprimerMoi je prends un petit déjeuner (léger). Ça paraît con, mais je suis sorti de la dépression il y a quelques années non pas en résolvant de grandes questions existentielles, ou en planifiant mon avenir sur les dix prochaines années, mais en mettant en place de petites choses, de petites activités, en reprenant contact avec de petits désirs, en ne pensant qu'au jour présent, à l'instant présent même. "Je planifierai à nouveau quand j'aurai plus de force vitale." Je crois que la sortie de la dépression est un cercle vertueux qui commence par des petites causes, qui peuvent provoquer le sarcasme de l'esprit amer du dépressif, mais qui sont incontournables : on réapprend à mettre un pied devant l'autre.
Petit déjeuner donc.
Puis je m'assois devant un mur, et je récite une phrase, toujours la même (un mantra) pendant le temps qu'il faut, jusqu'à ce que je ressente à nouveau que si la grisaille atmosphérique, la merde du monde et la noirceur de mon état de vie prennent toute la place en ce moment, il y a, tout au fond de moi, obscurci, caché, enfoui, compressé, dénié, renié, un immense soleil.
Une fois que j'arrive un peu à croire à cela et que je me sens mieux, j'arrête et je passe à l'activité suivante. C'est pas mal de se faire un plan, le fameux plan des 24 heures. Souvent on m'a suggéré d'ailleurs de me faire une liste et d'en rayer la moitié, car je suis excessif.
Après c'est bien aussi de ne pas trop rester seul, si possible, pas évident en ce moment.
C'est juste un partage de mon expérience, je ne souhaite absolument pas donner des leçons ou des directives.
Courage !
PS : les anti-dépresseurs peuvent aider, mais je serais toi, j'éviterais tout ce qui est anxiolytiques, benzodiazépines, somnifères... Pour moi c'est de l'alcool solide, juste un autre moyen de me défoncer. Ça n'a fait que me tirer vers le bas. Pas besoin de drogue, on a tout dans le corps pour vivre debout, parfois c'est bien caché, mais c'est là.
Adeus !
Merci de partager ton expérience !
RépondreSupprimerOui il faut essayer de faire ce que tu dis.
Pour les médocs, je ne crache pas dessus parce qu'en ce moment ils me servent.
Merci pour ce que tu as écrit !
A la mort de Pierre, j'ai sombré peu à peu. Comme Wroblewski, je me suis fixé des activités que, à ce moment-là, je méprisais profondément mais auxquelles j'ai essayé de me tenir le plus possible : ne pas sombrer dans l'alcool, me laver tous les jours, faire des repas, si possible à heures fixes et courir en extérieur le plus souvent possible. Ça a marché, avec, en plus, l'ouverture de mon blog (encore que là, l'écriture est parfois à double tranchant). Ce ne sont pas des conseils que je te donne là, juste ce que j'ai fait, moi.
RépondreSupprimerTu dis n'être personne, mais, moi, Ulysse et Némo m'ont toujours fasciné par leur richesse de possibilités. Et je suis sûr que tu en est rempli, toi aussi.
je trouve sympas ces témoignages de Wroblewski et de Calyste. J'espère que cette énergie te sera bénéfique, Daniel !!!
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