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vendredi 1 mai 2015

Remarque


Presque chaque fois, lorsque je quitte Paris pour plusieurs jours, je prends en photo un chiffonnier.  C'est totalement inconscient. A priori, cela ne me sert à rien.
Quand j'étais "petit", les chif'tires -on les appelait ainsi, avaient un landau ; de nos jours, c'est avec une poussette. Autrefois, les poubelles étaient métalliques, en acier zingué, souvent rouillés, elles faisaient un boucan d'enfer. Aujourd'hui ce sont des Omnium Plastic vertes, plus délicates! Je ne peux pas ignorer l'existence des chiffonniers-récupérateurs de nos richesses. Les poubelles sont toujours autant de cornes d'abondance! Nous ne sommes plus à l'ère de la consommation à outrance, nous vivons dans une société d'encombrements. Obsolescence prédéterminée, celle des choses et celle des hommes.  Les encombrants, c'est tous les jours, même le dimanche. Cette récupération pour survivre est trop plus qu'humaine. Sur-vivre, c'est vivre sur... Par le dessus. Par dessus le marché ! Faire les poubelles pour survivre est une activité ancestrale qui caractérise notre époque et les temps passées. La Révolution, c'est pour demain, l'évolution de l'espèce humaine est très très lente. Nous en sommes toujours à la Pré-histoire de l'humanité. Si je prends ce genre de photo, c'est  pour ne pas perdre pied, parce qu'en province, hors des grandes villes, je ne verrai pas la misère, non point qu'elle y soit absente, au contraire, elle y est pire, elle est cachée. Cachée derrière les arbres, les masures, les fleurs, les odeurs et leurs parfums, le poème pastoral cache la réalité de notre humaine dépendance. La fraternité du désastre...





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