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mercredi 4 mars 2015

Mes pompes.

Je vais vous parler de mes pompes, parce que ce ne sont pas elles qui vont vous parler de moi.
Faut dire que je suis un sujet plus intéressant  que mes pompes.
Je vois les choses de plus haut.
Tandis qu’elles pataugent dans la fange… les pauvres.
En général je n’entretiens pas mes pompes ; réciproquement ce ne sont pas elles qui m’entretiennent.
C’est de bonne guerre.
Comme vous pouvez le voir sur cette photo, boueuses, elles seront propres lorsqu’en ville il pleuvra. S’il pleut à la campagne, elles seront encore plus boueuses. S’il fait très chaud, la terre de la boue séchée s’effritera et retournera à l’état de poussière… Poussière, tu deviendras poussière… et tes pompes seront presque propres.


Je possède trois sortes de pompes sans compter les pompes de sport qui ne sont que de vulgaires morceaux de plastique qu’on ne peut décemment pas considérer autrement que de vulgaire morceaux de plastique.
En général, je porte des chaussures de paysans, de ces trucs qu’on ne trouve que sur certains marchés dans des bleds perdus en province… Des Gâtines, telles elles se nomment !
A l’autre bout de l’échelle, je possède une paire de Weston qui, à l’époque où on me l’a offerte, coûtait plus cher que la R5 d’occasion dans laquelle je roulais. Il va sans dire que je ne les chausse pratiquement jamais. Pourtant elles sont très seyantes. Mais la frime me sied mal au pied !
Je possède aussi une paire de boots qui servent normalement à faire de l’équitation. Elles sont sans lacets, avec un élastique sur le coté. Je les porte notamment dans les manifestations. Parce que lorsque je me retrouve en garde à vue, les flics ne m’enlèvent pas les lacets (risques de suicide). Quand je comparais devant le substitut du Proco de la Rep’, j’ai l’air moins con qu’avec des pompes sans leurs lacets. J’ai plus d’aplomb ! Je suis plus facilement relâché…

Ce soir dans le métro, j’ai rencontré un mec qui, dans un couloir, cirait les pompes. Enfin proposait de le faire. Cela m’a rappelé le Portugal où j’ai souvent voyagé. Les cireurs là-bas sont une institution. Jamais je n’ai sollicité leur service. Trop de honte, une épreuve trop humiliante pour moi et l’autre. Chacun sa culture. 

Mais ce soir j’ai décidé d’aborder le mec du métro et je lui ai demandé combien ça coûtait et s’il était d’accord pour que je prenne des photos. Il m’a dit que ça coûtait ce que je voudrais et qu’il était d’accord pour les photos. Dans son sac hurlait un poste avec une musique arabe qui donnait envie de danser, la danse du ventre. La plupart du temps les gens lui jettent un euro pour encourager ses efforts d’insertion professionnelle mais ne se font pas reluire les pompes. La Honte & le Rouge au front !
Il m’a ciré les pompes.  Je lui ai donné six euros. Puis mort de honte, je lui ai redonné tout ce que j’avais dans la poche, en tout ce devait faire dans les dix euros à tout casser. Si l’ex-conseiller de François Hollande, Aquilino Morelle, avait utilisé les services de mon cireur de pompes, il n’aurait pas été obligé de démissionner !
C’est une épreuve d’utiliser les services publics d’un cireur de pompes clandestin… Je n’écris pas ça d’une façon ironique ou sarcastique. Je n’ai pas levé la tête par peur de croiser les regards réprobateurs des passants voyageurs du métro. Pour moi c’est une expérience à ne pas recommencer. Quitte à me faire reluire, je préfère que ce ne soit pas mes pompes qui en profitent. Je ferai un beau tirage photo de son visage, au cireur. Je la lui remettrai, la prochaine fois que je repasserai dans ce couloir de métro, dans une semaine. Ce sera ma façon de continuer avec lui une relation autre que cet échange de service inégal.  
Me voilà parti à sympathiser avec un cireur de chaussures ! Je me demande si je ne suis pas un peu cinglé…



 RUTILANTES COMME JAMAIS, BRAVO !


3 commentaires:

  1. Ça me fait penser à un des premiers tableaux de Van Gogh, représentant deux vieux souliers.
    Je comprends ta réticence : dans les pays où je suis allé, il y avait parfois des cireurs comme le tien et je n'ai jamais pu franchir le pas, par une sorte de respect, comme toi.

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  2. Ce qui m'a sauvé, c'est que le mec, trop concentré sur son cirage, n'a pas levé les yeux vers moi !
    Et à la fin il était content et il a posé pour la photo !

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  3. Ce qui m'a sauvé, c'est que le mec, trop concentré sur son cirage, n'a pas levé les yeux vers moi !
    Et à la fin il était content et il a posé pour la photo !

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