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dimanche 1 mars 2015

Modiano / Nobel/ Discours

Je vais parler un peu de tous ces livres que je lis sans les partager ! Comme je suis un gros flemmard en la matière, et comme je trouve que le meilleur moyen d'en restituer l'atmosphère, est d'en publier des extraits,  je vais le faire pour cet écrivain, que j'aime, dont je n'ai pas tout lu, il me faut en garder un peu, et qui me replonge à chaque fois dans une atmosphère d'enfance et de disparitions, comme dans un itinéraire balisé chemins de grandes randonnées !
Le discours commence ainsi : Je voudrais vous dire tout simplement combien je suis heureux d’être parmi vous et combien je suis ému de l’honneur que vous m’avez fait en me décernant ce prix Nobel de Littérature. Ce prix fut une surprise pour tous.

Il finit comme cela : Mais c’est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l’oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l’océan.


On y lit beaucoup de belles choses :  C’est la première fois que je dois prononcer un discours devant une si nombreuse assemblée et j’en éprouve une certaine appréhension. On serait tenté de croire que pour un écrivain, il est naturel et facile de se livrer à cet exercice. Mais un écrivain – ou tout au moins un romancier – a souvent des rapports difficiles avec la parole. Et si l’on se rappelle cette distinction scolaire entre l’écrit et l’oral, un romancier est plus doué pour l’écrit que pour l’oral. Il a l’habitude de se taire et s’il veut se pénétrer d’une atmosphère, il doit se fondre dans la foule. Il écoute les conversations sans en avoir l’air, et s’il intervient dans celles-ci, c’est toujours pour poser quelques questions discrètes afin de mieux comprendre les femmes et les hommes qui l’entourent. Il a une parole hésitante, à cause de son habitude de raturer ses écrits. Bien sûr, après de multiples ratures, son style peut paraître limpide. Mais quand il prend la parole, il n’a plus la ressource de corriger ses hésitations.

Ce discours est édité chez Gallimard et il se lit en quelques minutes... Donc il se relit éternellement !
Et durant ce temps précieux passé à le relire encore, la vie continue dans l'arrière-cour avec ses trois sots, sa gouttière, sa leumière, sa cloche et ses dix ballets...


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Soutenu-soutenu, léger léger